Les expériences de participation passées ou présentes révèlent une grande variété de méthodologies et de thèmes. Une contrainte majeure dans la pratique de la participation citoyenne est le manque de savoir-faire concernant l’approche et les moyens d’organiser une participation. Des besoins différents demandent des approches différentes. En réponse aux attentes changeantes du public, il est nécessaire d’améliorer la capacité à consulter, engager, écouter, persuader et recadrer les questions, pour que les résultats du travail répondent mieux aux attentes et aux besoins des citoyens.
Chaque procédure participative et chaque « niveau de décision » comportent des exigences et conditions différentes pour la participation du public et influencent différemment l’implémentation des procédures participatives, notamment :
- le choix des méthodes;
- les types de participants impliqués;
- la conception des structures et processus organisationnels;
- les publics visés;
- les types de résultats.
- Objectifs (logique, objectifs, buts)
- Méthodes (outils, techniques, arrangements) adaptés à la participation;
- Participants se prêtant à une implication;
- Résultats pouvant être atteints de manière réaliste;
- Organisation nécessaire (conception, implémentation, diffusion des résultats, budget);
- Évaluation (concernant le processus, les résultats, les impacts)
Des outils de formation doivent donc être disponibles pour de nombreux « utilisateurs » différents, afin de leur permettre de mobiliser les enseignements tirés dans diverses situations. CIPAST a donc décidé de placer les études de cas au centre de sa formation et de se concentrer sur un processus d’apprentissage actif et participatif.
La méthodologie par étude de cas est heuristique : au lieu de délivrer la connaissance, l’animateur crée les conditions d’un apprentissage auto-dirigé au sein du groupe. Il présente une situation problématique, une situation en tant que problème à résoudre, pour lequel aucune solution n’est donnée. Les résultats de l’apprentissage proviennent de la réflexion et de l’échange d’expériences. L’apprentissage par étude de cas complète donc d’autres méthodes théoriques ou descriptives d’apprentissage pour la participation du public.
Les documents supports doivent être lus préalablement, car l’objectif est la réflexion, plutôt que l’extraction d’information. Le groupe proposera une solution à partir de l’analyse de la situation. Il identifie et définit le problème (cadrage), et cette analyse permettra au group de formuler une proposition (en tenant compte de ce qui a été présenté concernant le cas). Pour justifier cette proposition, une connaissance des méthodes et outils de la participation est également nécessaire.
Le modèle des études de cas a été testé la première fois lors d’un atelier à Dresde en 2006, puis révisé pour un deuxième atelier en 2007 à Procida (Naples), en Italie. Avant d’être proposé à un public international, le modèle de l’apprentissage par étude de cas avait été testé avec succès auprès d’étudiants de Londres (Westminster University) et Paris (Sciences Po et EHESS).
Un atelier consacré à la formation sur les questions de participation du public ne doit pas nécessairement se limiter aux études de cas proposées dans ce kit de formation. Mais pour développer ses propres études de cas, certains aspects généraux doivent être pris en compte.
Directives pour élaborer un atelier de formation basé sur des études de cas
Le but de l’exercice d’étude de cas n’est pas de vous former aux méthodologies participatives, mais d’amener les participants à s’impliquer activement dans le processus d’apprentissage, pour qu’ils prennent conscience de certaines difficultés concernant la conception et la conduite de la participation publique dans la pratique. Conçu comme exercice de résolution de problèmes, l’idée est de développer des outils qui permettent aux participants de travailler en petits groupes avec l’assistance d’un modérateur. Les chefs de projet proposent un ensemble de tâches à accomplir par chaque participant et créent les conditions d’une interaction riche sur chaque cas. Les documents supports pour chaque étude de cas doivent être fournis à l’avance.
En premier, et afin de placer les participants dans une situation réelle, la nature de la demande qui est utilisée pour l’exercice participatif doit être établie:
- D’où provient la demande de procédure participative ? Etait-ce une institution de recherche, une autorité locale, une institution gouvernementale ou autre?
- Quelles sont les limites en termes de moyens et de temps?
Généralement, une situation d’atelier ne permet pas aux participants de consacrer trop de temps à s’entendre sur la façon de répondre à la demande. Le temps disponible pour préparer la réponse est donc limité. Les documents supports doivent être envoyés ou distribués bien à l’avance. Ils serviront à se familiariser avec la question avant l’atelier, et ils doivent également être considérés comme une base pour améliorer la discussion de groupe. Ils doivent contenir les éléments suivants :
- Un bref document de moins de 10 pages présentant:
- Le contexte général : le problème global dans un cadre général. Exemple : L’univers de la vigne et du vin dans le contexte français (pour Vignes transgéniques). Dans ce contexte large, on peut décrire grossièrement ce qui est en jeu.
- Une description générale des acteurs concernés et/ou impliqués.
- Un ensemble d’annexes visant à aider les participants à préparer le dossier plus en profondeur et à aller plus loin : textes clés où les acteurs expriment leurs positions, liens vers des sites Web et autres ressources utiles
- Une description détaillée qui explique comment et dans quel contexte la demande réelle a été formulée, avec des informations sur l’institution d’origine et ses motivations.
- Une brève synthèse de la façon dont la procédure participative a été réalisée dans le cas réel. Cette synthèse comprend le cadre spécifique adopté, les objectifs, la réalisation, les difficultés survenues et l’impact obtenu.
Il est important que les organisateurs ou formateurs de l’atelier définissent clairement les tâches des participants. Les exercices peuvent par exemple consister à :
- Recadrer le problème, de la contextualisation large fournie par les organisateurs d’origine (dans les documents supports) à une formulation plus spécifique, avec des commentaires sur les aspects plus pertinents,
- Sélectionner et évaluer les principaux acteurs concernés et leurs positions,
- Décrire la procédure à utiliser et justifier ce choix, ou
- Préparer le communiqué de presse annonçant l’expérience participative (ce que l’on attend et comment on s’y prendra).
Études de cas figurant dans ce kit de formation
‘CIPAST in Practice’ regroupe les conclusions tirées d’expériences conduites dans toute l’Europe et tente de proposer des solutions concrètes aux problèmes auxquels sont confrontés les participants quand ils essaient d’implémenter des exercices de participation. Pour faciliter les demandes et échanges d’information supplémentaires, ce kit de formation indique des interlocuteurs pouvant être contactés pour guider le choix et l’application des techniques d’implication du public.
‘CIPAST in Practice’ propose 5 études de cas prêtes à l’emploi pour les séminaires de formation. Les documents supports pour chacune de ces 5 études ont été révisés et modifiés à cet effet.
Les études de cas ont été choisies parmi l’ensemble des contributions destinées aux ateliers de formation CIPAST dans un souci de diversité en termes d’initiateurs des procédures, de portée du processus participatif (portée européenne/nationale/locale, différentes cultures nationales), de l’importance accordée au cadrage, aux méthodologies, à la conception ou à l’évaluation, et de ses résultats en termes de portée et de degré d’application.
Pour chaque étude de cas, l’utilisateur trouvera une description de l’organisation qui a conduit le projet réel et préparé l’étude de cas. Chaque étude de cas représente une façon d’aborder un problème en fonction de certaines contraintes et conditions. L’utilisateur sera guidé sur l’utilisation des documents et sur les conditions et l’objectif de leur élaboration. Les limites d’applicabilité seront décrites. Les « manuels utilisateur » pour chaque étude de cas décriront également comment elle peut être appliquée dans une situation d’apprentissage et comment travailler avec la fiche descriptive ou un support de travail. Ils comprendront la présentation initiale tenue durant l’atelier, s’il y a lieu et si elle est disponible, ainsi que les résultats dans la réalité, les supports d’apprentissage et les supports pédagogiques, comme des questions guides.